Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas!
Autant au début de mon voyage j'étais inquiète de ne pas savoir où aller, autant à présent je suis complètement détendue et je me laisse porter par ma fidèle
intuition!
C'est ainsi que nous sommes arrivées à Alice Springs la bouche en coeur avec un vol aller simple depuis Sydney sans se soucier du reste.
Avec ma nouvelle complice Laurie, nous avons en tête de
rejoindre ensuite Adélaïde en empruntant le train qui traverse le désert en 24 heures. Sauf que de ne rien prévoir à l'avance vous expose au risque de quelques surprises et lorsque nous voulons
réserver ce train qui ne passe qu'une fois par semaine, nous découvrons qu'il est complet! Aie, je n'avais pas prévu ce petit détail et je n'ai pas envie de rester coincée au cœur du désert
australien pour une durée indéterminée...
Bon je ne vais pas stresser pour un problème qui n'existe pas encore. Laissons décanter la situation, pas de précipitation, vivons au jour le jour. Tout d'abord, je
me concentre sur les raisons qui font que je suis là: Uluru et les canyons. Pour la suite, on verra à notre retour et une petite voix me dit que rien n'arrive par hasard et que l'on va trouver
une solution encore mieux!
Nous avons rejoins un super groupe pendant 3 jours à la découverte du parc national de Uluru - Kata Tjuka et des King's Canyons guidé par les commentaires de Ryan,
un australien de 29 ans reconverti dans le tourisme après avoir été photographe de mode à Sydney.
Uluru et la magie du lieu sacré
Uluru regorge de mystères. Même si l'on
sait à quoi s'attendre, cet impressionnant rocher vous en met plein les yeux lorsqu'il se dresse devant vous. Captivant, son aspect change au cours de la journée avec l'orientation du soleil,
comme s'il se mouvait.
Le site étant devenu très touristique, les aborigènes font partager quelques légendes mais le principal n'est pas dévoilé car c'est un apprentissage complexe que
nous ne saurions pas comprendre, qui s'appréhende lentement, à différentes étapes de la vie et relève plus de ressentir les émotions que de les expliquer. De même les aborigènes interdisent de
prendre certaines photos mais honnêtement, même la plus belle photo d'Uluru ne vaut pas le sentiment que vous ressentez lorsqu'il s'impose devant vous!
Il n'est pas interdit de grimper sur Uluru mais les aborigènes nous mettent en garde "surtout ne grimpez pas!". Pour des raisons culturelles avant tout, c'est un
lieu sacré et symbolise entre autre le chemin que doit emprunter en luttant le jeune garçon aborigène pour devenir un homme. Par ailleurs, c'est dangereux, on recense 35 morts et de nombreux
blessés. Surtout, le centre culturel abrite un livre qui rassemble les lettres d'excuses de visiteurs repentis ayant grimpés ou volés des morceaux de Uluru et qui sont pourchassés d'une
mauvaise fortune depuis... Par respect culturel ou par crainte du mauvais sort on y réfléchit à deux fois en définitive!
On peut en revanche le contourner en 3 heures de marche et découvrir que ce n'est pas un simple "gros rocher" mais sa forme se compose de plusieurs rochers,
reliefs, grottes, fissures, plans d'eau et une texture écailleuse. Surprenant! Outre cela, la ballade en elle-même n'est pas très excitante car Uluru est un lieu qui se contemple avant tout et
il faut juste s'imprégner de cette atmosphère.
Pour assouvir l'envie d'exercice, de
marcher et explorer les entrailles rocheuses de l'Australie, les gorges de Kata-Tjuta et les King's Canyons vous sortent le grand jeu avec des paysages de roches rouges, des rivières, points
d'eau et autres vues vertigineuses de beauté!
En parcourant du regard les alentours on aperçoit non seulement des kangourous mais aussi des dromadaires sauvages!
Je m'adapte sans soucis aux conditions de ces quelques jours. L'aventure commence tous les jours à 4 heures du matin et au cours de nos excursions, nous assistons aux premiers rayons de soleil qui habillent délicatement les lieux. On
déguste le kangourou et le dromadaire en barbecue avant de gratter la guitare autour du feu de camp puis s'endormir à la belle étoile dans des swags (sac de couchage avec matelas intégré que
tout australien qui se respecte possède).
Je n'y connais rien en astrologie mais il semblerait qu'ici il y ait une constellation visible uniquement depuis cette partie de l'hémisphère. Tout ce que je
vois c'est que le ciel est incrusté d'étoiles qui scintillent comme des diamants ici. Je suis presque déçue d'être si épuisée pour ne pas en profiter plus longtemps car en moins d'une minute
je les rejoins dans mon sommeil.
Durant ce séjour, je reçois un mail de Marice, ma petite protégée des Philippines :
"Hi miss Nelly, I really really miss you. I hope you are happy right now.
I don't forget you of course I love you. Always take care okay. Don't forget me.
No matter what happens, I'll be here for you. "
A la lecture de ce message, je me sens remplie de joie. C'est comme si elle était la voix de mon petit ange gardien qui m'accompagne et me protège. C'est bien ma
bonne étoile que j'aperçois dans le ciel...
Ces quelques jours dans le centre du pays ont quelque chose de magique qui vous communique une énergie, je me sens rechargée. J'ai le sentiment de sentir
battre le cœur de l'Australie...
De retour à
Alice Springs, notre joyeuse bande se disperse, chacun continue son chemin dans diverses directions. Laurie et moi nous retrouvons livrées à notre propre sort sans idée de comment nous échapper
d'ici sans nous ruiner.
J'avais entendu parler du système de relocation qui consiste à ramener une voiture de location dans une autre ville donc vous avez une contribution aux frais de
route. Le trajet Alice Springs - Adélaïde est peu commun donc je suis sceptique mais je vérifie quand même à tout hasard.
Et là, devinez quoi? Une offre unique apparaît! À peine réveillée je saute sur mon mobile pour savoir si l'offre est toujours disponible.... Banco, le départ est le
lendemain à bord d'un 4x4 tout équipé!
Laurie n'ayant pas le permis je serais la seule conductrice mais ce sera ma copilote et je suis allée à bonne école entre mon road trip avec les 3 gaillards sur la
côte Ouest et mon séjour sur l'île de sable de Fraser Island. De plus nous avons 4 jours pour parcourir 1600km donc on a le temps et puis le road trip dans le désert australien, ça fait rêver un
peu non?
Pour notre dernière soirée
à Alice Springs, nous décidons de trinquer une bière ou deux au "Saloon" (c'est marrant de dire ça!). Sur notre chemin, je me fais interpeller par une femme aborigène qui me propose d'acheter son
oeuvre.
L'art est un élément clé dans la culture aborigène. Il est toujours lié à un territoire. Ce que nous appelons « art » est pour eux une spiritualité. En ce sens,
célébrer, peindre ou chanter un territoire marque la propriété d'un clan ou d'une personne. J'avais envie d'acheter une peinture en souvenir de mon voyage mais dès que j'entrais dans une galerie,
je ne savais pas laquelle choisir, les prix étaient exorbitants et elles manquaient de saveur.
Et là, comme si Alice Springs me faisait un petit cadeau de départ, ce n'est pas moi qui choisi l'œuvre, c'est elle qui vient à moi! Je discute quelques minutes avec
cette femme au regard triste mais fière de me dire qu'elle est née sur cette terre.
Elle m'autorise à prendre une photo avec elle, chose rare car les aborigènes ne veulent généralement pas être pris en photo car ils pensent qu'on leur vole leur âme.
J'ai peut-être vu de plus jolies œuvres dans les galeries mais celle-ci c'est la mienne, le souvenir d'une belle rencontre et de mon voyage. Bien qu'elle soit sensée représenter les bananes dans
le bush (!), je vois plutôt un cercle, un centre, symbole du campement, de la stabilité. Pour moi, cela conjugue symboliquement l'harmonie de mon voyage au cœur de l'Australie et au cœur de mon
esprit.
Le
lendemain, excitées et euphoriques, nous partons à l'aventure pour quatre jours vers l'inconnu. Je réalise le rêve de la liberté australienne: conduire pieds nus, sur une route sans fin en plein
désert, propre maître de notre itinéraire!
Le paysage défile pendant des heures et des heures en distribuant des bijoux insolites sur le passage : la spectaculaire falaise de Rainbow Valley où nous devons
emprunter un chemin uniquement accessible en 4x4, les lacs de sels dont le Hart Lake qui ressemble à une patinoire naturelle géante au milieu du désert et les rencontres des vieux australiens de
l'outback !
Nous passons notre première nuit dans le camping d'un village, le "Jim's Place", entouré de dromadaires. Jim, le propriétaire nous invite à le rejoindre à sa table
au pub pour nous donner des conseils sur notre itinéraire et nous présenter Dinky son chien dingo qui sait chanter! Les autres clients nous scotchent du regard et tentent de nous inviter à faire
une partie de billard avec eux mais nous déclinons pour aller nous coucher!
Le campement rassemble pas loin de... deux voitures... dont la notre! Nous sommes un peu rassurées que nos voisins soient trois français. Cependant, cela ne nous
empêche pas de se faire dévorer par des fourmis (oui oui c'est possible!) et d'avoir le sommeil troublé par le puissant vent de nuit et la vie sauvage nocturne... c'est ça l'outback! N'empêche
que l'on déguerpi à 5 heures du matin comme des voleuses en se promettant de prendre un camping un
peu plus peuplé la nuit suivante!
Nous voici à présent à Adélaïde dans le South Australia, la tête remplie de belles images, de belles histoires de cette superbe aventure... une de plus !